Édito par Nicolas Vidal
Lorsque l'on évoque la musique de Baptiste W. Hamon, il est souvent question de grands espaces américains, de country/folk, de Dylan version française, d'identité musicale yankee. C'est vrai, mais pas seulement. On oublie assez souvent la poésie musicale de ses chansons, le côté chanson française dans ce qu'elle peut avoir de traditionnelle, au sens noble du terme. Baptiste nous parle finalement de nous, de lui, de la vie, de la France. Et c'est beau. Il réussit comme peu d'autres avant lui la synthèse de ses influences (que l'on évoque avec lui dans ce numéro) avec un son d'aujourd'hui, sans perdre l'authenticité d'un terroir, voire d'un territoire qui tracerait une ligne de fuite d'Austin à Paris, de Bastille au Grand Ole Opry. Ce n'est pas étonnant si Baptiste tourne autant à l'étranger, tant sa musique et son authenticité font de lui un songwriter attachant, agrégeant autour de lui une scène folk qui irait de Will Oldham à Lonny Montem. Il n'y a pas que Johnny qui aime l'Amérique. Baptiste W. Hamon aussi, et son "Soleil, soleil bleu" est là pour en témoigner.
ENTRETIEN & PHOTOS: Nicolas Vidal
Tu rentres tout juste des Etats-Unis, tu as joué là-bas ?
J’y ai fait quelques petits concerts, mais je n’y allais pas pour ça au départ. Je viens de faire une tournée aux Pays-Bas en revanche. Je suis allé aux États-Unis pour rencontrer un chanteur country texan pour faire un duo avec lui pour son prochain disque. Sa fille a découvert ma musique via Spotify, et elle lui a parlé de moi. Un peu un rêve de gosse quoi.
Comment ce goût pour la musique country qu’on connaît peu en France est venu chez toi?
C’est venu un peu par hasard. En cherchant de la musique vers 18 ans, J’ai découvert la musique de Townes Van Zandt qui est un songwriter texan extraordinaire qui est mort dans les années 90. J’ai un grand frère qui lisait les Inrocks et Magic et qui m’a donné le goût de la musique indé et l’envie de découvrir des choses. Et au gré de mes recherches, je suis tombé sur lui.
Ce n’est même pas venu de figures populaires comme Johnny Cash ou Dolly Parton?
Non, c’est plutôt venu de figures comme Elliott Smith ou Nick Drake. Je pense que Townes Van Zandt avait été cité dans une interview. Et ça a été un déclic immédiat d’une puissance que je n’avais jamais ressenti. C’était tout nouveau pour moi, mais j’avais l’impression que ce mec me parlait à l’oreille. Une sensation curieuse dont je ne me remets toujours pas. Je l’écoute toujours très souvent. Et à partir de là, j’ai déroulé le fil. Je n’y connaissais rien en country et americana, et les gens qui en parlaient autour de moi le faisaient en mal. Il y a beaucoup de clichés sur cette musique, parfois réels. Mais il y a aussi une contre culture folk, country, americana aux USA qu’on connaît peu, sauf par bribes avec des chanteurs comme Bonnie Prince Billy. Il y a eu un courant un peu hippie d’artistes country dans les années 70, de gauche, qu’on connaît peu.
Tu composais déjà des chansons à cette époque ou est ce que tu as décidé de faire de la musique suite à la découverte de ce genre, de manière naturelle?
Je n’écrivais pas de chansons à l’époque. Je gratouillais un peu et j’écrivais des poèmes. Je suis venu à l’écriture de chansons en anglais mais sans me dire que j’allais vraiment le faire. J’étais étudiant, je ne connaissais pas de musiciens. Mais à force d’écouter ces songwriters, Dylan, Leonard Cohen, dont la poésie énorme me touchait sans forcément tout comprendre, je me suis mis petit à petit à écrire plus. Mais le vrai déclic est arrivé vers 24/25 ans en écoutant des chanteurs français. J’étais frustré d’écrire en anglais. Je m’inspirais de mecs connus pour la précision de leur poésie en sachant que je ne pourrais pas faire aussi bien. Donc le déclic et le plaisir absolus sont venus quand j’ai réussi à trouver une façon d’écrire en français. En écoutant Barbara, Reggiani, Moustaki ou Jacques Bertin. Et à partir de là, c’était tellement excitant que je me suis pris au jeu. J’ai rencontré rapidement des gens qui ont cru en mes chansons et en leur potentiel. Donc j’ai envisagé de faire un album.
Ton véritable premier album, “L’insouciance”, est sorti en 2016, après deux EP. Est ce que tu avais une idée précise de ce que tu voulais faire, du son?
Je découvrais le monde de la musique, le studio. J’étais d’une insouciance absolue et j’ai proposé sans réfléchir à mon label d’aller enregistrer l’album aux Etats-Unis. Et ils ont dit oui. J’avais envie de faire l’album avec Mark Nevers qui avait travaillé avec Bonnie Prince Billy et Vic Chesnutt. Je lui ai écrit en envoyant quelques maquettes et ça lui a plu. On est partis à Nashville en 2015 en faisant un crochet par Austin où j’étais invité à chanter pour le festival SXSW. On a enregistré l’album en live avec Alexandre Bourit, mon guitariste, et des musiciens locaux qui avaient enregistré avec tous mes héros. Je me retrouvais dans un environnement magique. Je suis hyper fier de cet album.
Cet album ressemble plus à l’image que l’on se fait de la country ou de l’americana.
Je voulais faire un disque sans trop réfléchir. J’avais tout composé en guitare/voix, je n’écoutais que de la country et de l’americana à ce moment là, et je voulais habiller mes chansons de cette manière là. Donc il y avait quelque chose de très brut et de très intuitif contrairement à “Soleil, soleil bleu” pour lequel j’ai voulu prendre plus de temps pour réfléchir aux arrangements, garder un esprit americana mais y amener des touches plus modernes, plus de précision dans l’écriture musicale.
Est ce que ce premier album a été conforme à l’idée que tu te faisais d’enregistrer un album à Nashville? Est-ce que ton fantasme ne s’est pas cogné à une réalité différente?
En fait cette question se pose à chaque fois que je vais aux États-Unis. Et en fait non. Sans mettre de côté les aspects négatifs que peut avoir ce pays, je ressens des choses là-bas que je ne ressens pas ailleurs. C’est mon corps qui parle. Peut être que je me retrouve dans des endroits qui parlent à mon imaginaire, mais si ce n’était que ça, je me retrouverais confronté à un mur. Je suis comme dans un rêve là-bas. C’est peut être naïf, mais c'est ce que je ressens.
Quelque part, tu t’inscris aussi dans une certaine idée de la musique populaire française à l’image d’Eddy Mitchell, qui a beaucoup popularisé le cinéma américain, mais aussi le travail de songwriters comme Burt Bacharach, entre autres.
Je me méfie un peu de ça, même si par ailleurs j’aime beaucoup Eddy Mitchell qui est un fin connaisseur de la culture américaine. J'aime aussi Johnny, mais il a un côté plus caricatural. En fait, le danger, c’est que je ne voudrais pas donner l’impression d’être fan d’une culture et de me l’approprier. J’insiste sur le fait que ma démarche est authentique. Je ne fais pas ça dans le but de faire découvrir cette musique. Les raisons fondamentales qui m’ont fait écrire des chansons sont liées à cet imaginaire que j’ai des Etats-Unis. J’ai écrit 90 pour cent de mes chansons en référence à ce que j’ai vécu là-bas. Ce n’est pas un choix, c’est comme ça.
L’introduction de ton nouvel album “Soleil, soleil bleu”, avec les 3 titres que tu as choisi de mettre en premier, fonctionne vraiment comme un résumé de tout ce qui va découler ensuite. Une première chanson très folk, ensuite “Je brûle” et ses sonorités plus “actuelles”, en enfin le seul titre en anglais de l’album. Il y a tout ce qu’on va entendre ensuite.
C’est complètement ça. Je me suis cassé la tête sur le tracklisting. Je voulais un album court, il n’y a que 9 titres mais j’en ai enregistré 13. Celles qui ne sont pas sur le disque vont vivre autrement. Mais sélectionner les chansons pour un disque, c’est un casse-tête. Qui n’est pas le même que pour la scène.
Il y a des featurings de Miossec et Will Oldham sur l’album. Encore un pont entre les deux pôles musicaux que tu défends. Est ce que cela s’est fait par hasard?
J’ai eu la chance de faire plusieurs premières parties de Miossec lors de sa tournée précédente et celle-ci, et on s'est très bien entendus. Je l’écoute depuis que j’ai 15 ans grâce à mon frère, et j’avais envie de l’inviter sur le disque. C’est un type inspirant, profond, poète et très intègre. Il écoute tout ce qui sort. Il a la même passion même s’il fait de la musique depuis 25 ans. Pour Will Oldham, il chantait déjà sur mon premier disque, et on est devenu amis. J’ai eu envie d’adapter un de ses titres en français. Je suis allé lui rendre visite, et je lui ai demandé lequel il aimerait entendre en français. Il est très francophile et il a accepté que j’adapte “Black Captain”. Et en lui chantant, il a suggéré de faire des choeurs.
Comment tu te sens dans la scène actuelle folk française qui chante plutôt en anglais et qui est un peu en dessous des radars? Je pense à Yules, Lonny Montem, Indolore voire Keren Ann qui a sorti plusieurs albums folk.
Le folk, à tort, n’a jamais été très sexy. Ça a toujours été un genre exigeant, un peu lent, introspectif qui fait peur aux radios ou aux labels. Alors qu’il en sort toujours. Il y a quand même un marché pour cette musique. Mais c’est probablement plus difficile d’exploser quand tu fais du guitare voix que lorsque tu utilises des boîtes à rythme. Et puis il y a des phénomènes de mode, et peut-être que le folk reviendra à la mode. Même si c’est underground, cette scène là existe, en anglais et en français, et il faut continuer à aller la voir en concert car le soutien passe par là.
Est ce que le fait de chanter en français sur cette musique te permet de sortir un peu plus des radars? Tu as une maison de disque qui défend ton projet, qui y croit.
Pour être honnête, je pense que oui. Même si je déteste les gens qui disent “Tu devrais écrire en français pour passer à la radio”. Le choix de la langue fait partie intégrante du processus artistique. En revanche c’est un coup de pouce de chanter en français. On est en France, et le marché de la langue française est prioritaire pour les labels, la langue anglaise étant déjà prise par tous les artistes anglo-saxons. J’ai ressenti un intérêt quand j’ai commencé à écrire en français, bien que je pense que me textes en anglais n’étaient pas si mauvais. On pense quelquefois à tort qu’écrire en anglais quand on est français n’est pas un gage de qualité, ce qui n’est pas vrai. Mais l’intérêt pour ma musique est venu quand j’ai écrit en français. Mais je continue à écrire des chansons en anglais car c’est un choix esthétique.
Dans la country ou le folk, il y a cette manière d’écrire à la première personne, de parler du quotidien, parfois de choses banales. Et tu réussis à le faire en français, mais de manière poétique tout en gardant cette “tradition” et l’essence de cette musique.
J’ai toujours été touché par les gens qui racontent des choses, leur souffrance, leur blues. J’aime les chanteurs chez qui je ressens la touche personnelle de ce qu’ils racontent. Assez naturellement, c’est ce que je veux présenter aux gens. Je raconte des choses personnelles, même si je ne dis pas toute la vérité. C’est toujours inspiré de mon ressenti. Quand on écrit une chanson, on ne l’écrit pas pour soi, il faut qu’il y ait une portée universelle, mais personnelle. Comme dans la chanson “Hervé” où je parle de personnes que j’ai côtoyé.
Tu as fait ce nouvel album en France avec plusieurs intervenants : Mark Daumail, Xavier Thiry, Alexandre Bourit…
Je voulais faire des expériences en studio. Je suis arrivé avec mes guitares voix et je voulais creuser et essayer des sons différents. Du coup j’ai pu le faire sur deux ans, ce qui n’aurait pas été possible à l’étranger. J’ai démarré avec des personnes de confiance comme Alexandre et Xavier qui sont de supers musiciens. On a essayé des choses plus précises et tiré le maximum sans dénaturer les chansons. On a testé des boîtes à rythme sur deux titres par exemple, sans savoir si marcherait. Et par un concours de circonstances, j’ai travaillé avec Mark Daumail sur “Je brûle”. On a coécrit la musique, et on s’est super bien entendus. J’adore collaborer avec d’autres musiciens et voir ce qui sort. En 4 heures, on avait la trame du morceau. Et je suis allé l’enregistrer chez Ben Christophers en Angleterre suite à la suggestion d’Alma Forrer avec qui il travaillait. Mais je suis fier de ce disque et de la cohérence qu’on a réussi à trouver. Maintenant j’ai hâte de retourner sur scène pour le défendre avec Louise Lhermitte et Baptiste Dosdat qui sont des ami.e.s et de supers musicien.ne.s.
Townes Van Zandt - “ Sans lui, je ne sais pas si j’écrirais des chansons aujourd’hui. J'ai été touché par sa voix, ses textes, sa musique. Je me suis dit “waouh, si c’est ça que procure la musique, je veux en faire autant”. Et puis il m’a ouvert la porte vers les musiques folk et country qui sont ma passion aujourd’hui. C’est pour ça que je vais souvent aux Etats-Unis.”
ART - “Dorothy Lange a beaucoup photographié le Sud américain pendant la grande dépression. J’ai été très marqué par une exposition que j’ai vu il y a deux ans. Et en peinture, j’aime Frederic Remington. Il a beaucoup peint les cow-boys, les indiens. On retrouve dans “Blueberry” des choses que l’on voit chez lui. C’était un peintre classique mais qui peint ces paysages différents de ce qu’on voyait en France à la même époque.”
LIVRES - “ “Lonesome Dove” de Larry McMurtry. C’est l’auteur texan le plus connu qui a écrit entre autre le scénario de “Brokeback Mountain”. Ce livre est un chef d’oeuvre de la littérature western, une saga de Texas Rangers au 19ème siècle. C’est moderne, bien écrit, sans que ce soit cliché. Julien Gracq est mon écrivain préféré français. “Le rivages des syrtes” est celui que je préfère. Il a un style, il ne se passe pas grand chose, mais la mélodie des mots et des phrases est incroyable. C’est extrêmement poétique et puissant. A chacun de ses livres, ça me fait le même effet. Il a été fidèle à sa maison d’édition en plus, ce qui a peut être un peu freiné sa renommée.
LIVRES - Le livre de Stig Dagerman “Notre besoin de consolation est impossible à rassasier” est un petit livre de 20 pages. Il s’est suicidé à 34 ans. Il voyait la noirceur autour de lui mais ne pouvait pas s’empêcher de trouver que la vie était belle. C’est un livre un peu testamentaire, poétique, très synthétique et très puissant. C’est un livre que j’offre régulièrement. Dans un autre registre, j’aime beaucoup Lovecraft. C’est l’une des écritures les plus poétiques que je connaisse. Je suis pas fan de fantastique ou d’horreur, mais c’est tellement bien ciselé. C’est Houellebecq qui m’a donné envie de le lire. J’ai relu récemment “Le cauchemar d'Innsmouth”, et c’est incroyable. Et “Tintin au Tibet”. Je suis fan de Tintin et de celui là en particulier.”
DISQUES -“ Le disque qui m’a initié à la musique américaine, c’est “Anthology of American folk music”. L'album date de 1952. C’est un ethnomusicologue qui s’appelle Harry Smith qui a enregistré plein de mecs partout aux Etats-Unis. Du blues, du cajun, du bluegrass… C’est un patchwork incroyable qui a inspiré Dylan entre autres. C’est un trésor du folklore américain. Leonard Cohen avec “Songs of love & hate” qui contient ma chanson préférée de tous les temps, “Famous blue raincoat”. Cohen me touche complètement. Et son côté évolutif me parle. Il a osé bosser avec des réalisateurs différents, notamment dans les années 80. Il était raccord avec son époque."
DISQUES -“Dans les disques français, récemment c’est l’album de Pain Noir qui m’a le plus surpris. C’est la première fois que j’entendais un disque chanté en français qui sonnait américain. Je trouve ça superbe. Il a eu un bel accueil critique. Il est un peu à part dans le paysage français. L’album “Let me go Let me go Let me go” de Jason Molina a pas mal accompagné mes 3 dernières années. C’est un type qui s’est suicidé il y a une dizaine d’années. C’est très beau et très sombre. C’est une de mes songwriters préférés. Et puis le disque “Capacity” de Big Thief est parfait. C’est un enchaînement de tubes. C’est de la pop indé américaine avec de très beaux textes et une chanteuse à la voix incroyable.”
Ma Playlist...
FILMS - “ Je suis fan de Jacques Tati et “Jour de fête” est un film qui me fait marrer. C’est un peu de l’humour à la papa, mais je rigole tout le temps. Il a une naïveté que je trouve touchante. Et puis le facteur veut faire une tournée américaine ! Eric Rohmer avec “Ma nuit chez Maud” est un des films que j’ai le plus vu. J’aime quasiment tout chez Rohmer. L’hésitation de Trintignant pris entre plusieurs contradictions, qui devaient être celles de Rohmer, en font un film génial. Je peux le revoir sans me lasser. “Mister McKay & Mrs Miller” de Robert Altman est un western avec une BO de Leonard Cohen. La scène d'introduction avec “Stranger songs” te met bien dans l’ambiance. “Coup de tête” de Jean-Jacques Annaud avec Dewaere. J’adore Dewaere, j’aime le foot et je suis fan de l’AJ Auxerre. Plusieurs scène ont été tournées là-bas avec les joueurs de l’époque. Et récemment j’ai vu le film “Giant” avec James Dean et Liz Taylor. Je m'intéresse à l’histoire du Texas, et c’est un film qui traduit très bien la mentalité texane et les rapports amour/haine entre le nord et le sud du Texas. C’est un film que je n’avais jamais vu et qui est très beau.”
Photos prises à L’HOTEL. Merci à eux
Norma
“"On avait des amis communs, mais on s’est rencontré au Texas où elle jouait au SXSW. On s’est fait un road trip. On a les mêmes obsessions sur la country, le folk. Son univers est plus rock que le mien, mais il sonne super américain aussi. Son dernier disque est top, c’est une super « songwriteuse » !"
Un portrait chinois de Baptiste W. Hamon à travers ses idoles teenage et celles d’aujourd’hui.
Ton idole teenage
Stephane Guivarc'h
Ta chanteuse Teenage
Natalie Imbruglia
Ton chanteur teenage
Stuart Murdoch (Belle & Sebastian)
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Virginie Ledoyen
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Catherine Deneuve dans "Les parapluies de Cherbourg"
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Woody Harrelson & Matthew McConaughey
Ton actrice Actuelle
Liz Taylor
Ton crush actuel
Frances McDormand