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(bruce willis par nicolas vidal)

Le sourire narquois de Bruce Willis était probablement la chose la plus séduisante que l’entertainment hollywoodien des eighties pouvait offrir. 

Pop et raffiné à ses débuts dans la série « Clair De Lune » avec la sublime Sibyl Sheperd, le beau Bruce et sa crinière laquée faisaient des étincelles avec pas grand chose: des yeux qui se plissent, un sourire en coin et une voix caressante. Et pourtant, on avait qu’une envie, le suivre n’importe où et arracher sa chemise. Ni tout à fait jeune premier, ni héros testostéronné, il incarnait le cool dans toute sa splendeur. Très loin de l’image d’action man qu’un « Piège de Cristal » allait façonner ensuite, un monsieur biscotos à 2 neurones plutôt rigolo mais plus tout à fait mystérieux. 

Malgré une filmographie plutôt honorable, en tout cas pour la partie auteuriste (Tarantino, Shyamalan, Gilliam), a persisté chez Bruce Willis cette image de benêt bagarreur. Alors que son après « Clair De Lune » avait plutôt bien commencé en tant que boy next door charmeur dans deux films de Blake Edwards - le roi de la comédie pop - le personnage de John McLane de la série « Piège de Cristal » a vampirisé toute l’aura de légèreté qui faisait le sel de sa persona d’acteur. Pourtant, à le voir aux côtés de Kim Basinger dans « Boire Et déboires », on s’était pris à penser qu’on tenait un Cary Grant nouvelle version, un acteur charmeur bien gaulé sans être un monsieur muscle, un séducteur d’opérette qui ne se prenait pas au sérieux. Bref un homme irrésistible et un acteur plutôt doué qui méritait de rencontrer son Howard Hawks.

 

À la place, on a eu droit à une flopée de navets bien bourins, une love story très médiatisée avec une actrice de seconde zone (Demi Moore, star la plus surestimée des années 90) et à quelques éclats chez les réalisateurs cités plus hauts, avec un point Godwin magnifique dans « Incassable », son chef d’œuvre d’acteur en super-héros qui s’ignore. Car c’est finalement en anti-héros que Bruce Willis a brillé sans esbroufes, avec cet œil plissé et ce sourire piquant et cette façon d’en faire trop peu qui lui a valu cette étiquette de mauvais acteur au pays des performances qui carburent au fake. 

Mais quelques beaux rôles suffisent parfois à réussir une carrière digne malgré les navets, et Bruce Willis qui a décidé de se retirer du métier pour cause de maladie restera dans l’inconscient collectif comme le premier héros d’action qui n’en était pas un, l’icône d’une palme d’or qui a fait date, et l’acteur fétiche d’un Shyamalan débutant qui n’a jamais retrouvé la même aura après lui. Et pour les teenagers de la fin des années 80, un poster boy charmeur et drôle, assez loin du stéréotype de l’acteur élevé au grain. C’est déjà pas si mal finalement.

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