Romance va vous faire la peau
Romance : nom féminin. Pièce poétique mise en musique, de style simple.
C’est tout à fait ce que l’on ressent à l’écoute de « La peau », second EP d’Emilie Rambaud sous cette identité, après le rock garage de The Buns ou les ukulélés de The Tiki sisters. Un nom qui n’a pas été choisi au hasard : « Au départ, le projet s’appelait « The Romance ». J’aime ce mot qui désigne ce mouvement musical, un peu léger, à la frontière entre le classique et la pop, qui définit ce que je veux faire avec cet EP. Et puis c’est aussi un mot bilingue qui parle de mon histoire d’amour avec la musique. »
La musique chez Emilie, c’est d’abord la batterie avant le chant, pratiquée depuis l’enfance prés de La Rochelle. « On était au Portugal avec mes parents, et on a croisé un couple dont l’homme était batteur. Il m’a initiée avec des bouts de bois, et en rentrant en France, une école de musique venait de s’ouvrir dans mon village. Et j’ai choisi la batterie au grand dam de ma mère qui me voyait faire du piano. ». La batterie, devenue un instrument de prédilection avec lequel Emilie accompagne des projets et des artistes comme Lili Ster, Jérémie Kisling ou encore le britannique Michael Wookey.
Le premier EP « Traffic » sorti en 2012, était d’ailleurs majoritairement en anglais contrairement à « la peau » : « C’est un projet plus personnel donc j’avais envie de l’écrire en français. J’adore écrire dans les deux langues, mais j’aime la poésie et les beaux textes en français. » Les textes de Romance sont d’ailleurs emprunts d’un féminisme discret, poétique, revendicatif mais léger : « C’est ma quête de liberté depuis l’adolescence. C’est mon côté hip-hop. Même quand je parle d’amour, ce sont des femmes qui veulent s’affranchir. C’est d’ailleurs dans la continuité de ce que l’on fait avec The Buns qui est clairement un projet féministe. Avec Romance, c’est plus personnel. ». Mais il y a aussi un contexte social fort, notamment avec l’entêtant titre « Wars » qui parle de la migration des populations, mais de manière subtile avec une mélodie très pop et très addictive.
Un sens du collectif qui se retrouve également dans ses collaborations : « Je compose toute seule mais je ne travaille pas seule, l’album a été réalisé par Daniel Bleikolm. Et j’adore participer à des projets, ça nourrit beaucoup les projets perso également. Et sur scène je travaille avec Chloé et Lili Ster qui sont des amies, et avec qui je travaille régulièrement, surtout Lili. »
Musicalement, « La peau » est un mélange détonnant d’influences sixties, de batteries très serrées à la Gainsbourg et une ambiance sonore qui rappelle parfois Timber Timbre : « J’ai également beaucoup écouté de la pop suédoise, notamment Jenny Wilson et Jenny Abrahamson, qui font une pop très arrangée. J’aime la soul, l’électro, et tout ça se mélange. » La voix d’Emilie, très franche, se marie parfaitement aux arrangements sobres mais rafraichissants, teintés de cordes lyriques trip-hop, le tout formant une ambiance sonore assez différente de ce que l’on entend dans la nouvelle scène pop française néo eighties.
Un mélange que l’on pourra découvrir dés ce mois-ci sur scène, en Suisse, mais également à Paris, aux 3 Baudets le 24 Avril.
SOUS INFLUENCES DIVINES
« Je suis très admirative des chanteuses Ann Peebles et Etta James, mais mon premier crush musical c’est « Stop » de Sam Brown. En revanche, c’est Michael Jackson qui m’a donné envie de faire de la batterie. J’ai énormément de livres fétiches, mais j’adore Kundera et Zweig. Kundera se met tellement bien à la place des femmes quand il écrit, et je trouve ça poétique, sensible et très fort. J’aime beaucoup « Ok Computer » et « In rainbows » de Radiohead. C’est tellement beau et aérien.
« Eternal sunshine of the spotless mind » de Michel Gondry et son aspect poétique, bricolé me plait beaucoup. C’est tellement romantique. Et « Un roi à New York » de Chaplin, que j’ai mis dans mon titre « Wars », avec son fils qui semble rapper sur la musique. J’admire Frida Kahlo et sa peinture. Je suis fan de Ralph Fiennes, et j’admirais beaucoup Kevin Spacey, mais c’est mort maintenant ! »
EP « La peau » disponible.
En concert : le 29 mars aux Citrons Masqués (Yverdon, Suisse), le 30 mars à la Parenthèse (Nyon, Suisse) et le 24 avril aux trois baudets (Paris 18è