TOOOD, obscur objet du désir…
Tout est dit ou presque dans le nom du groupe. “That obscure object of desire”, devenu acronyme par la force des choses. Dans le civil, TOOOD, ce sont Astrid et Laurent. A leur actif deux albums, dont le dernier, “Transparence” vient de sortir. Mais c’est quoi la transparence ? “On aime bien la transparence, c’est quelque chose qui a une grande valeur pour nous, presque inaccessible.” entame Laurent. Astrid : “Et puis c’est le titre d’une chanson. C’est probablement le titre le plus politique, concret du disque, avec des paroles plus frontales ou l’on évoque les lanceurs d’alerte, bien qu’on n’ait pas du tout envie de faire de la musique politique. Et puis c’est le point de départ de la texture plus rock de l’album.” La musique, matière politique et poétique ? “Dans la vie on a nos engagements politiques, mais dans TOOOD ce n’est pas du tout le cas. On est plus un groupe romantique.” tranche Astrid.
Les duos homme/femme dans la musique française sont légions, des Rita Mitsouko à Mikado en passant par Elli et Jacno. Toood, nouvel avatar french pop? “Cela fait 10 ans qu’on se connaît avec Astrid. On a commencé par travailler dans le théâtre ensemble, une musique plutôt expérimentale. Puis on est venu à la musique de studio et de live en suivant” raconte Laurent. Pour Astrid, “Les groupes ou duos français que tu évoques ne sont pas du tout dans l’ADN de TOOOD. On avait juste envie de travailler ensemble. On avait plus en tête un mélange de trip hop, de musique indé 90 et de Hip Hop, avec quelqu’un aux machines.” Laurent poursuit : “On a jamais calculé le fait d’être un groupe bi-genre. Ce n’était pas important pour nous. En revanche le fait d’être 2 était plus important. Rien n’est fixé, on fait tout ensemble, à 4 mains, avec notre vision à nous deux.”
L’univers sonore de Toood, et encore plus dans “Transparence”, remet un peu le trip-hop en avant, un peu tombé en désuétude depuis quelque temps. Après les redites eighties dans la pop, back to nineties ? Laurent : “ C’est surtout au niveau des batteries et des rythmes. Le premier album était entre Portishead et Goldfrapp, sur celui là, on peut ajouter les Kills.”
Les Kills, influence assumée, musicale et esthétique du duo ? Astrid : “Ce doit être les cheveux ! (rires) On aime un peu moins ce qu’ils font maintenant, mais on est super fan des premiers albums. Et puis ils ont longtemps fait des live uniquement tous les deux. C’est aussi une référence pour l’alchimie qu’ils ont entre eux, le côté créature à deux têtes. Et puis le côté homme/femme n’est pas trop genré dans leur duo.” Laurent ajoute : “ On est plutôt unisexe”.
Le retour des groupes à guitare n’a pas encore eu lieu alors que TOOOD continue dans cette voie. Comment se sentent-ils à l’intérieur de cette scène française plutôt pop ou hip-hop? Laurent : “On ne s’en préoccupe pas du tout. Notre musique est empreinte de nos influences, et donc des années 90. Et ça a tendance à revenir. On est en train de quitter un moment ou les gens étaient très nostalgique des eighties, et ils redécouvrent les années 90. On était peut être un peu en avance finalement. Mais ce n’était pas calculé.” Astrid: “ On a grandi avec la britpop, la Dance, Babylon Zoo. On n'essaie pas de coller à une mode, mais on arrive à parler à des gens qui nous suivent depuis longtemps maintenant”.
Les références peuvent parfois être écrasante pour certains musiciens qui finalement font et refont la musique qu’ils ont entendu à l’adolescence. Peut-on se défaire si facilement de ses idoles ? Astrid :
“ C’est vrai qu’en tant qu’auditrice je reviens souvent à ce que j’écoutais adolescente, à mes premières amours. mais avec TOOOD on essaie de dépasser ça. Notre prochain album sera très psyché par exemple.” Laurent : “Je ne suis pas d’accord avec ça. On fait des choix musicaux. Sur d’autres projets sur lesquels je travaille, c’est pareil. je pense qu’on peut être écrivain ou réalisateur et on n’est pas obligé de ne faire que des choses intimes et personnelles.”
En revanche, le français est de mise dans la musique de TOOOD, ce qui n’était pas forcément gagné dans le style de musique qu’ils proposent. Laurent : “ On a commencé à écrire en anglais car on n'avait pas de références sur cette musique en français. Mais les textes sont très importants pour nous et on trouvait dommage que les gens ne nous comprennent pas. ” Astrid : “Chanter en français nous permettait de faire des textes plus littéraires, plus lisibles pour notre premier public qui est parisien. Ça a été une vraie mise à nu pour moi. Et aujourd’hui, je trouve ça très jouissif d’écrire en français.”
En tout cas, Toood et son esthétique très précise, en noir et blanc, fait l'effort de proposer un songwriting monochrome, intime, élégant, finalement intemporel et sensible pour qui sait sortir des sentiers trop faciles.
SOUS INFLUENCES DIVINES
“L’artiste qui nous aurait le plus influencé pour TOOOD serait Jeffrey Eugenides et son livre “Middlesex”. Il raconte la vie d’un hermaphrodite qui tombe amoureux d’une créature qu’il l'appelle son Obscur objet de désir. Ça a été le point de départ de TOOOD. On l’adore tous les deux.
En terme de musique, on peut dire que Goldfrapp et Thom Yorke sont les artistes qui nous ont beaucoup influencé. Et puis l’album “Third” de Portishead qui a servi de point de départ à nos recherches sonores. Cet album a été une obsession. Trent Reznor aussi. Plus que Nine Inch Nails d’ailleurs. Comme Thom Yorke, ils sont très droits dans leurs bottes, très intègres. Björk a aussi été une figure importante pour nous. Elle a été pionnière dans ce domaine.
En cinéma, on adore Lars Von Trier. Son cinéma est incroyable. Il a une liberté qui ne plaît pas à tout le monde, mais il est tellement doué. Lynch aussi dans une certaine mesure. Mais bon c’est un peu une tarte à la crème maintenant.
A l’adolescence, c’était Kate Winslet le crush ado. Et puis maintenant, ce serait Fassbender.
En terme de visuel, Anton Corbjin et Diane Arbus sont incontournables.”
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