Bonsoir Louxor
La scène électro pop française n’en finit plus d'amener son lot de producteurs/musiciens de qualité, armé de leur laptop et de leur science du dancefloor pour pousser les foules à lever les bras bien haut. Louxor fait partie de ceux-là et débarque avec un premier EP sous cet avatar, “Bonsoir Love” :
“ C’est mon premier EP solo. J’ai eu un groupe avant qui s’appelait Bénédicte avec qui on a fait quelques clips.”
Ce qui nous a séduit à l’écoute de ce premier EP, c’est ce côté très direct, brut que l’on ressent à l’écoute de ses chansons. Un envie de bouger irrépressible, mais sans fioritures, au naturel, comme dans une rave 80’s au milieu de rien. “ Dans ma façon de travailler, j’aime que ce soit simple. Et puis on a utilisé quasiment que des machines analogiques sur l’EP. A la fin de l’enregistrement, on a enlevé beaucoup d’effets, on a essayé de garder des choses plus frontales. J’ai une grosse culture du live avec des machines, et d’expérience, quand tu ne gardes que le nécessaire, le live s’en porte beaucoup mieux. Je garde un peu cette idée quand je suis en studio.”
“Bonsoir Love”, c’est aussi les années 80 en bandoulière ravalées par la techno, Taxi Girl remixé par les Chemical Brothers. Des vrais chansons pop malgré le filtre des machines : “ Ce que j’aime dans les années 80, c’est que les chansons rassemblent le côté festif et dansant, et en même temps le côté dark et triste. Et j’aime ce mélange là. J’ai beaucoup écouté de New Wave, et j’avais envie d’aller vers ça. J’ai mélangé des titres assez anciens avec des titres tout neufs. Par exemple, on est parti en résidence avec Refuge et Malvina Meinier, et on s’est mis comme contrainte d’écrire des chansons en 30 minutes, et ça a donné le morceau “La Mort” que j’ai gardé avec cette esthétique un peu maquette”.
Refuge et Malvina Meinier, les copains de Gentil Records, une bande soudée qui travaille ensemble presque comme un collectif : “ C’est très important pour moi. Ce sont les copains. On s’entraide beaucoup dans la galère. Mais on ne s’oblige à rien, on sort nos projets sur d’autres labels si on a envie. C’est important car on ne se sent plus seuls. On s'occupe ensemble d’organiser les soirées, les démarches. C’est très agréable de pouvoir compter sur les autres”.
Mais visiblement, on peut aussi compter sur Louxor, lui qui accompagne sur scène Gaël Faye et qui a produit le prochain album de Refuge attendu pour cette année. “ Je ne suis que musicien pour Gaël Faye. En revanche, j’ai réalisé le dernier album de Refuge, et c’est la première fois que je fais ça pour un autre artiste. C’était super chouette. C’est un sacré investissement. Je n’ai pas envie de faire cela à la chaîne, mais de le faire vraiment comme une collaboration et une vraie démarche. On est super fier du résultat.”
Cette science des machines, cet intérêt pour dompter les claviers analogiques a t-elle été toujours présente dans le parcours musical de Louxor ? “ Au départ, je faisais plutôt de la pop, du guitare/voix. Puis je me suis intéressé à la musique électro avec Borussia qui m’a initié à la production et aux logiciels de sons. Et puis j’écoutais beaucoup beaucoup la French Touch. Et naturellement j’ai mis les deux pieds dans la musique électronique.”
Et voilà comment Kraftwerk a détourné du droit chemin de l’éducation nationale un ex-passionné de littérature : “A la base je voulais être prof de lettres, mais en dernière année, j’ai décidé de ne pas le faire. Je pensais que je voulais faire de la recherche en littérature, mais ça ne m’a pas plu du tout. Je fais de la musique depuis que je suis tout petit, mais de manière anecdotique. Et à un moment donné, je suis allé à fond dans la musique.”
Tans pis pour les étudiants. Mais tant mieux pour les aficionados du BPM, les amoureux de pop songs électroniques et d’”Oscillorgasme” qui trouveront dans “Bonsoir Love” la matière parfaite pour danser, danser, danser...
SOUS INFLUENCES DIVINES
“ “Man Machine” de Kraftwerk a été le grand choc de ma vie. Même quand je le réécoute aujourd’hui, je rentre en religion. C’est fou car ça sonne toujours actuel. Ils arrivent à faire de la poésie avec des machines. Ça me fascine. Et Soulwax, surtout leur approche du live. Ils ont vraiment ouvert la voie à ma manière de faire du live. J’aime beaucoup leur approche.
J’ai un peu quitté les livres en même temps que la Sorbonne (rires). Mais j’aime beaucoup Kafka. Ce côté poétique au milieu du froid, cette sorte d’écriture administrative, glaciale. J’ai fait mon mémoire sur Kundera, qui est un peu plus un imposteur. Sinon j’aime la poésie. Mais c’est dur d’être poète aujourd’hui.
En cinéma, j’aime le côté “Vision du futur par le passé”. J’adore “Blade Runner”, cette recherche esthétique autour de la machine qui devient plus humaine. On dit souvent que je suis peu émotif dans la vie, mais quand je vois un robot danser, ça me donne envie de pleurer. J’avais adoré le spectacle “Sans objet” du chorégraphe Aurélien Bory, ou un bras articulé de production de voiture était programmé, avec deux danseurs, et c’était incroyable.
En peinture, j’ai pris une claque en visitant le musée Pierre Soulages. J’aime cette démarche initiatique dans laquelle il a trouvé cet outrenoir. Je n’avais jamais rien vu de tel. C’est un vrai travail sur la matière.”
"Bonsoir Love", nouvel EP disponible