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Abel Chéret, chanteur ultra pas chelou.


“Amour ultra chelou”, le titre du premier EP d'Abel Chéret, résume ultra bien ce qu’on y entend : de l’amour toujours, du décalage sensible sans gros sabots, et de la pop d’ici. “ Cet EP a été composé sur ordinateur. Et j’ai rencontré Pierre-Alain Grégoire qui a un projet électro-pop R’n’B que j’aime beaucoup. Je lui ai proposé de finaliser les arrangements. Il a gardé un peu ce que j’avais fait, il a fait le tri, et arrangé les chansons.”

Dès le premier titre de l’EP d’Abel Chéret, “L’amour naissant”, on est à la maison, on pense à un Souchon caribéen mâtiné de rythmiques métissées : “ Souchon a été une inspiration inconsciente. Il se trouve que la grille d’accords que j’ai trouvé sur ce titre ressemblait un peu à sa musique. Je m’en suis rendu compte mais c’est cette mélodie qui me faisait vibrer.”


Mais très vite la référence s’estompe pour livrer des chansons plus personnelles qu’il n’y paraît. La voix un peu traînante d’Abel et ses textes exigeants sur des arpèges électroniques nomades le rapprochent plus d’un Severin ou d’un Johan Papaconstantino qui mélangent eux aussi une certaine tradition french pop avec des rythmes d’ailleurs : “ J’aime le métissage entre les musiques traditionnelles d’Amérique du Sud et centrale, l’électronique et la chanson. J’avais l’intuition que ça pouvait être intéressant. Je suis allé à Cuba et ça m’a beaucoup influencé également. J’ai écrit cet EP en un mois et demi. J’ai fait 12 chansons mais je n’en ai gardé que 5 car tout n’était pas bon. Et Cuba était une grosse influence à ce moment là.”

Abel Chéret a démarré la musique comme la plupart des musiciens : “J’ai commencé par faire un groupe de rock au Lycée, mais je ne faisais pas de musique avant. J’écrivais des textes pour le groupe et j’ai fini chanteur. Mais je suis assez vite parti sur mon projet solo car j’adore écouter du rock, mais je n’ai pas la voix pour en chanter. Mais le groupe existe encore.” Il a trouvé sa place ailleurs, dans un exercice plus proche de Boris Vian que de Julian Casablancas : “ Ce que j’aimais, c'était écrire des textes et partager des émotions avec les gens. J’aurais pu faire du théâtre, mais je suis parti vers la chanson. Et la musique est venue avec pour soutenir les textes. Et elle a pris plus de place.”

Les textes d’Abel sont très simples mais le soin apporté au vocabulaire est très littéraire, chiadé, et nous amène mine de rien à écouter davantage ses chansons : “ Je n’ai pas de méthode, mais c’est vrai que j’aime apporter un soin aux textes. Je me suis inspiré d’une structure d’un poème de Verlaine pour une chanson par exemple. J’aimais bien le rythme, et j’ai trouvé la musique ensuite. Mais sinon, je pars plutôt d’une suite d’accords et je cherche en yahourt français.”

Cet EP n’échappe à la tradition de la chanson romantique, où l’amour tient la première place: “ Quand je cherche trop, ça donne des chansons qui sentent la transpiration. Au moment ou j’ai écrit les chansons de l’EP, j'étais passionnément amoureux, et ça a fortement influencé mon écriture. Dans la sensualité des mots employés par exemple.” Mais il raconte le désir de manière différente, quitte à faire un chanson comme “Lovely Doll” où l’actualité s'immisce en filigrane dans ce conte pour adulte un peu déviant, où dans “Western Eros”, dernier titre de l’EP en forme de comédie musicale “spaghetti” qui finit dans une ambiance très French Touch. “ C’est quand il y a un angle que la chanson devient intéressante. J’aime qu’il y ait une image dans ce que je raconte.”

Comme beaucoup de musiciens - époque oblige - Abel ne se contente pas d’écrire simplement des chansons. Il anime également une chronique à la radio. “ En même temps, j’ai souvent l’impression que c’est un peu dû au hasard tout ça. J’ai fait de la musique car on me l’a proposé, et puis on m’a proposé de faire une chronique dans une émission, le Tohu Bohu et j’ai accepté. L’écriture de chroniques se rapproche de l’écriture de chansons, même si c’est différent. Il faut être concis, efficace et ça m’a intéressé. J’écris beaucoup, ce n’est pas spontané. Je suis mauvais en improvisation.”


Hasard où pas, Abel Chéret a en tout cas trouvé la forme adéquate pour conter des histoires. Son EP, spontané et très abouti, mérite une attention particulière. Dans un monde musical ou les segmentations sont reines, il est agréable d’entendre un nouvel artiste qui perpétue une certaine tradition littéraire avec une musique éminemment d’aujourd’hui. Abel Chéret, un chanteur ultra pas chelou.



SOUS INFLUENCES DIVINES

“ L’artiste qui m’a vraiment influencé, c’est Boris Vian. D’abord pour sa soif de travail, des romans, des nouvelles, des chansons, la trompette. Son envie de vivre quoi. Et j’aime beaucoup son univers littéraire. Quand je l’ai lu la première fois, je me suis retrouvé dans son travail, la poésie et la dérision. J’aime sa façon de détourner les choses.

Sinon, “Mes mauvaises fréquentations” de Katerine est probablement l’album que j’ai le plus écouté. J’aime vraiment beaucoup cet artiste, et tous ses albums, mais celui la, on ne s’en lasse pas. Mais aussi Gainsbourg et son album “Percussions”.

J’aime beaucoup Verlaine, Prévert, la poésie en général. Et Bukowski et “Contes de la folie ordinaire”. Récemment j’ai beaucoup aimé “Poupée, anale nationale” d’Alina Reyes. C’est un peu trash, mais c’est super bien. Ça parle de la femme d’un leader politique d’extrême droite. J’ai trouvé original et sans limite. Ça m’a touché. On sent parfois une contrainte, ou une pression familiale quand on crée, et il ne faudrait pas. Et elle, elle écrit librement.

J’aime bien Wes Anderson en cinéma. Son univers me touche beaucoup. Je vois beaucoup de films, mais je ne retiens pas grand chose. Je suis pas très cinéphile, j’oublie toujours le nom des acteurs. Récemment, j’ai vu “Vice”, qui est très politique et très bien.

En photo, j’aime beaucoup le photographe malien Malick Sidibé et ses photos un peu yéyé du Bamako des sixties. Sa série de photo est géniale.”


Abel Chéret, "Amour Ultra Chelou", EP Disponible.










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