Le "nightclub" pop de Claire Faravarjoo
Les filles ont pris les rênes de la pop music. Cela fait quelques années que certains des projets les plus excitants, les plus dansants, les plus innovants viennent des filles. De Claude Violante à Sônge, les dancefloors se sont féminisés, et c’est tant mieux. Claire Faravarjoo appartient assurément à cette génération de filles qui produisent leurs sons et leur musique. “ Je viens d’une famille de musiciens autodidactes, et à 11 ans, on m’a mis ma première guitare entre les mains. On m’a dit que si j’appuyais à tel endroit, ça faisait un son joyeux, si on appuyait ailleurs, ça créait un son plus triste, et j’ai appris comme ça. Avec le temps, j’ai découvert Ableton et je me suis mise à la MAO.”
Longtemps considéré comme un sport masculin, la musique assistée par ordinateur s’est peu à peu féminisée et a ouvert des perspectives aux productrices do it yourself. : “ Je suis super fan de Phoenix et de Jamiroquai, des musiques très organiques, et en démarrant la MAO, je me suis dit que les possibilités étaient infinies, beaucoup plus qu’avec un guitare/voix. C’est très bien pour partir d’une base, mais c’est compliqué de partir à l’aventure sans les sons. ”
“Nightclub”, le premier album de Claire Faravarjoo est effectivement un condensé de sons pour bouger son corps, et faire la fête, avec juste ce qu’il faut de légèreté et de sérieux pour en faire un parfait objet pop : “ Mon EP était plus calme. Là, je voulais explorer plus la complexité de la prod et des rythmiques, d’où le côté plus dansant. Mais tout en gardant un côté plus mélancolique dans les textes et les thématiques abordées. Mais le but, c’était de faire danser. On s’amuse beaucoup plus sur scène et ça nous ouvre à des endroits plus nocturnes, ce que je préfère.”
Comme beaucoup d’artistes, Claire vit la nuit, et son album s’en ressent. Il suffit de lire le tracklisting pour s’en convaincre : “Cigarette”, “Tequila”, “ivresse”... “La culture club, c’est très important pour moi. Je sors tout le temps. Je vis la nuit. Je créé le soir. C’est impossible pour moi de créer à 13h. Et j’adore danser, me laisser aller. Faire de la musique pour danser me rend très à l’aise. C’est très naturel. J’aime la sensualité, le côté danse à plusieurs qu’offrent les clubs, particulièrement dans le côté safe que tu trouves dans les lieux LGBTQ+ qui m’ont libéré, physiquement et dans la parole, les textes."
Car effectivement, et c’est un des points communs à plusieurs membres de cette nouvelle scène française, l’homosexualité n’est plus un problème à assumer, elle fait partie intégrante des histoires à raconter, sans se cacher, sans en faire un étendard non plus : “je ne revendique rien. Je veux que mes chansons restent légères, sans message particulier, même si c’est très important pour moi parce que je suis gay et que je milite pour les causes LGBTQ+. Mais par contre, je l’assume dans les chansons, que je parle de moi où des autres. Ma génération se pose moins la question.”
Quand on la rencontre, Claire Faravarjoo a ce côté brut de décoffrage, sincère et entier, qui n’a pas peur de clamer son admiration pour ses collègues féminines : "J’adore Aloïse Sauvage, Clara Luciani. Je suis une grande fan de Cléa Vincent. Ce sont des filles impressionnantes qui m’inspirent beaucoup.” Plus de complexes également vis à vis d’un parisianisme qui a parfois du mal à voir les talents d’ailleurs. Claire vit et travaille à Strasbourg. “ Ne pas être à Paris ne change rien pour moi. La seule différence, c’est que Strasbourg est une ville plus petite. Après, l’endroit où tu te trouves influence toujours ta façon de créer. Si je suis dans une chambre d’hôtel à Berlin, je ne vais pas écrire la même chose que dans mon studio à Strasbourg. Paris est une ville plus palpitante dans laquelle j’ai écrit aussi. A Strasbourg, il suffit juste de connaître les bons endroits, et de sortir au bon moment.”
“Nightclub” est un album parfait pour affronter la sinistrose ambiante. Parfait mélange entre Christine & The Queens et Phoenix, il n’a qu’une ambition : nous faire danser et retrouver l’énergie de la fête, du lâcher-prise, avec la voix de Claire Faravarjoo comme guide des Dancefloors. Il y a pire comme programme. Surtout en ce moment.
"Nightclub", Album disponible